Terre d’Idées chez Tilman
Terre d’Idées chez Tilman
Tilman est un laboratoire pharmaceutique spécialisé en phytothérapie et installé dans cette région magnifique entre Namur, Huy et Marche-en-Famenne. Ils produisent des tisanes, des médicaments et des compléments alimentaires. Le patron, fils du fondateur de la société, insiste fort sur cette qualité de laboratoire pharmaceutique. Ceci lui permet de proposer des médicaments en proportion croissante par rapport aux compléments alimentaires, ce qui répond à la fois à une attente du monde médical et à une directive européenne en passe d’être transposée en droit national. En ce sens, Tilman prépare l’avenir. Cette anticipation est déjà une première manifestation d’un désir de développement durable. Mais, en soi, anticiper les marchés et l’environnement légal dans lequel on évolue, est une des bases du management d’entreprises. Rien d’exceptionnel, donc.
Ce qui l’est un peu plus, c’est la manière dont l’activité de l’entreprise est organisée. De plus en plus et dans chaque pan de la vie de l’entreprise, la notion de développement durable intervient. C’est assez logique puisque son activité est basée sur les plantes et leurs effets bénéfiques pour les êtres-humains. Il est donc cohérent de chercher à protéger un environnement dans lequel l’entreprise puise sa matière première. C’est également cohérent en terme d’image.
La flotte de véhicules, pour prendre un premier exemple, est intégralement équipée au LPG. La direction a imposé cette solution parce qu’elle représentait, de son point de vue, la moins mauvaise formule parmi toutes celles proposées. En terme d’émissions de CO2, les résultats sont grosso modo équivalents à ceux obtenus avec le diesel, mais les particules émises, surtout les plus fines, sont moins nocives. M. Tilman cherche d’autres moyens de réduire l’impact des véhicules en tenant compte du type des déplacements de son personnel. Mais il insiste aussi sur le réduction de ces déplacements, en évitant ceux qui ne s’avèrent pas indispensables ou en les rationalisant.
Du côté du laboratoire et de la production, des efforts sont également consentis. Les poussières et déchets de plantes sont récoltés et éparpillés régulièrement dans le jardin situé derrière l’entreprise. Les autres déchets sont triés. Des économies d’énergie sont demandées à chacun au sein de l’équipe. Par ailleurs, la manipulation des plantes nécessitent un air ambiant très sec, ce qui nécessite l’utilisation d’une grande quantité d’énergie. L’un des prochains projets consistera à installer des panneaux photovoltaïques afin de produire l’énergie nécessaire. Outre l’aspect environnemental, les premiers calculs montrent que le retour sur investissement, compte tenu des aides et de l’augmentation certaine du prix des autres énergies, devrait être rapidement positif.
Et puis, M. Tilman l’avoue bien volontiers, ce type d’investissement sera d’autant plus rentable que l’entreprise y gagnera en terme d’image. Le consommateur d’aujourd’hui, mais surtout celui de demain, sera sensible à une production plus propre. Il s’agit donc d’anticiper les exigences de demain. Cette vision a été proposée tant au personnel, qu’au conseil d’administration et aux différents groupes de travail au sein de l’entreprise. L’intérêt a été démontré et les stratégies futures seront axées sur ces éléments. L’entreprise va donc clairement associer le développement durable et son activité, de sorte que l’un et l’autre devront interagir et accroître le bénéfice global.
J’avoue que cette visite m’a vraiment encouragé. Je vois bien qu’un certain nombre de dirigeants d’entreprises ne parviennent pas encore à imaginer l’intérêt, en termes financiers, de protéger l’(leur)environnement. Mais, à côté de ces irréductibles autruches aux poches pleines mais trouées, d’autres ont l’esprit clair et s’inscrivent dans une évolution vitale. Et ces entrepreneurs-là ont les pieds bien sur terre. Ne les imaginez pas des fleurs dans les cheveux et un joint à la bouche. Non, ils font des affaires à court terme tout en maximisant les chances de pouvoir encore en faire à long terme… ils ont donc raison sur toute la ligne ! Et moi, c’est à eux que j’ai envie de donner la parole…
Laurent Scholaers
Terre d’Idées – 02 juillet 2008
